Vers l’heure où follement dansent les lucioles,
L’heure où brille à nos yeux le désir du moment,
Tu me redis en vain les flatteuses paroles…
Je te hais et je t’aime abominablement.
Renée Vivien
Vers l’heure où follement dansent les lucioles,
L’heure où brille à nos yeux le désir du moment,
Tu me redis en vain les flatteuses paroles…
Je te hais et je t’aime abominablement.
Renée Vivien
Parfois, le soir, pendant quelques brefs instants, le ciel s’embrase.
Jamais pareil et cependant il donne alors à la ville un éclat particulier.
Les ombres deviennent sombres et intenses,
contrastant avec certaines façades chargées jusqu’à saturation,
de cette lueur étrange faite de roses et d’oranges, de pourpres et d’or.
Et puis le soleil disparaît, la magie d’un instant s’envole, s’éclipse presque instantanément.
Tout parait pâle, à nouveau, plus pâle, plus triste là aussi.
Il nous est alors difficile de conserver en nous intact le plaisir, l’exaltation de l’instant précédent.
Comme lorsqu’un baiser prend fin, soudain,
comme lorsque nos mains, serrées l’une l’autre avec force, relâchent leur réciproque emprise,
le vide ou l’espace retrouvé entre nos paumes, entre nos lèvres nous fait peur un instant,
peur de ne jamais revivre l’instant d’avant.
Une série d’instants volés,
des portraits inconnus, pris dans l’instant…
Conceptualisées par Elizabeth Kübler-Ross, psychologue et spécialiste du comportement, les phases du deuil, physique, sentimental ou professionnel sont devenues des classiques de la psychologie, peut-être même trop classiques (voir encadré).
Je me suis “amusé” pour ma part à les mettre en images, dans un exercice de photomontage…
L’absence ce n’est rien. Une table posée contre l’océan du silence, de l’encre et du papier.
Tout est très fort, la nuit s’efface ou la nuit vient, je n’ai pas peur.
La tête un peu penchée, je ne regarde que la feuille de papier.
Les mots s’envolent et tu es là.
L’absence ce n’est rien – un peu de temps très pur pour inventer demain.
Philippe Delerm – Fragiles
[Témoignage] J’ai rencontré un garçon sur #Facebook. 299 110 messages plus tard... https://t.co/eVAIz4CHKa pic.twitter.com/tQi5R2X9p6
— Rue89 (@Rue89) April 26, 2016
Pardon de vous “spoiler” la fin de l’histoire mais elle démontre en tout cas le pouvoir de l’esprit humain à se fabriquer une autre réalité…
J’ai passé un an et demi à discuter avec des fantômes.
Vous devez me trouver bien naïf. Mais aujourd’hui, amis lecteurs, je suis sûr d’une chose : personne n’est à l’abri. La fréquentation des réseaux sociaux n’est pas sans risque. Préservez-vous.
Universel, confidentiel et pathétique ! Oui, pathétique…
Voilà comment je me sens ce soir. Tristement pathétique.
En tombant sur un article au titre hélas évocateur,
“Internet, le grand journal intime des personnes esseulées”
les mots me sautent crescendo à la gueule.
– complaintes d’internautes déprimés.
– s’épancher sur sa mélancolie
– bouteilles à la mer sur les réseaux sociaux
– place publique où écrire son désespoir
– verbalisation d’un sentiment de tristesse
– expliquer tout son malheur
– Centre de Prévention du Suicide…
Y a de la joie !
Un dimanche, un jeune homme du Muy est venu me voir. Il me dit en prenant le thé: « Et après la mort, vous croyez qu’il y a quelque chose?»
Je lui répondis en bredouillant beaucoup: «Toutes les réponses sur cette question sont du domaine des croyances et non de l’expérience. Je pourrais te raconter tout ce que disent lès religions là-dessus; une fois que tu seras rentré chez toi, ça rentrera dans le grand réservoir commun des croyances et ta vie n’en sera pas changée. Pour comprendre la mort et la vie après la mort, il faut comprendre la vie éternelle dans son présent, maintenant, sans fuite aucune et donc se comporter dans tous les événements de la vie concrète à l’inverse de ce que l’on fait quotidiennement. » Or, c’était un gars curieux et travaillé par l’Esprit. Il repartit après avoir bu son thé et, à sa démarche, je vis quand il s’éloignait qu’il avait compris – quelque chose.
Quand il arriva au bout du chemin, plus de voiture. Il descendit les bras ballants au village, tout à fait décontracté et sans se poser de questions sur ce qu’elle était devenue ou qui l’avait prise. Il arriva chez lui assez tard et, ouvrant la porte de la chambre à coucher, il trouva sa femme dans le lit avec un autre gars, laquelle lui dit simplement: «J’ai cru que tu ne rentrerais pas. Retourne dix minutes d’où !u viens, on verra après. ». Mon garçon, qui n’était marié que depuis trois mois mais qui marchait à rebours, c’est-à-dire à l’endroit depuis trois heures, ne broncha pas. Il s’en alla à la cuisine, prépara deux cafés, les porta à sa femme et à son amant et s’allongea sur le bord du lit, du côté d’elle, dans la meilleure position d’attente et quand l’autre fut parti (ce qui ne tarda guère), il prit sa femme dans ses bras avec autant d’amour que de silence.
Le lendemain matin, il se rendit à son travail à pied. Mais il y avait un autre ouvrier embauché à sa place et le patron lui dit d’aller voir ailleurs.
La première épreuve, il l’avait avalée comme une potion amère, la seconde, dit-il, comme un dépassement victorieux mais douloureux; la troisième épreuve était accompagnée d’une tentation violente de faire marche arrière pour toutes les trois à la fois, mais il était trop tard. Il est remonté me voir en courant et il s’est jeté dans mes bras en disant: «C’est tout vrai. Je crois, non, je sais la vie éternelle.»
Source: Frère Antoine – Une bouffée d’ermite – Editions Pocket
Vous croyez au destin vous ?
Toutes ces coïncidences qu’on sème sur votre route,
ce regard que l’on croise un jour et qu’on n’oubliera plus,
ces choix que l’on fait sans s’expliquer pourquoi !
Vous croyez à tout ça ?
Vous croyez à l’amour vous ?
Au souvenir fugace qui vous empli de chaleur et de joie,
au manque que les larmes inondent et noient,
à cet endroit où rien jamais ne pourra vous atteindre !
Vous avez traversé ça ?
La douceur d’un sourire, un doigt tendu, tremblant sur sa bouche.
Le temps qui jamais ne s’arrête, les nuages qui défilent à tue-tête,
Ce besoin, cette envie, encore, toujours,
Et l’instant d’après, figé comme pour l’éternité.
La peur de tout perdre, de te perdre, un matin que tout s’arrête.
La douleur d’un seul soupir, un silence qui vous glace, net.
Vous croyez à l’amour vous ?
Au cœur qui s’emballe, au sang chaud qui court dans vos veines,
aux larmes, aux peines, aux cris de joie,
au monde qui semble un instant à jamais vous appartenir !
Vous avez partagé ça ?
Vous croyez au destin vous ?
Ces petits cailloux blancs qu’on ramasse sur sa route,
serrés entre nos doigts comme le plus pur argent,
certain de détenir la preuve que notre avenir existe !
Vous croyez à tout ça ?
Moi ? J’y CROA !
Comme à leur habitude, les journaux du jour n’ont pas réussi à me tirer un sourire. Ici, la neige sème la pagaille, responsable, comme on aime tant à le dire, de nombreux accidents. Là, un footballeur, trop heureux sans doute d’avoir permis à son camarade de marquer un but, s’effondre sur la pelouse, victime d’un arrêt cardiaque. Un curé, avant de s’être stupidement fait piégé, envoyait à une jeune adolescente des photos de lui en slip tanga qui, le journal s’empressant de le préciser, en rouge et en caractères gras, cachait mal une érection. Coma, chaos, mort, sectes, accidents, combat sans pitié, jusqu’à la météo qui nous parle d’assaut hivernal, tous ces mots crus, sordides ou terrifiants, pourtant devenus presque anodins, rabâchés chaque jours dans les colonnes de nos journaux,nous pourrissent le cœur et l’âme.
It’s a new day today. It’s a good day today. Un jour où tout est possible! Plutôt que de s’en protéger, regardez donc tomber la pluie, regardez la de plus près, cette goutte d’eau qui se laisse glisser le long de la vitre de votre bureau. Regardez la beauté de son reflet, la finesse exquise d’un flocon de neige sur la manche de votre manteau. Parlez donc à quelqu’un à qui vous n’avez jamais parlé, embrassez qui vous voudrez, souriez car aujourd’hui, tout peut changer !
CARAMBA EL MUNDO – 26 janvier 2004
Les images s’entremêlent, les visages, les saisons, les aimées, les années,
tous ces souvenirs qui ne sont plus que cela aujourd’hui,
de simples souvenirs dans la nuit et le froid.
You are the last post played by the Alamo soldier
You are, you are, you are
You are a spaceman at the very edge of time
You are the single shaft of sunlight in the night time…
Je me revois encore, la tête enfouie dans mon oreiller, passer cette chanson en boucle,
cultivant la douleur comme on cultive un champ de fleurs.
Elle s’appelait Karine et j’avais 15 ans…
Il y a un certain plaisir à pleurer, par les larmes, la douleur s’épuise et s’exhale.
Il est vrai que dans chaque travail
Il y a un élément au fond
Qui fait que l’on s’adapte
Une chose qu’on aime
Et chaque tâche peut devenir
Selon l’humeur un plaisir
Tous les soupirs ne valent pas mieux qu’un sourire
C’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler
La médecine à couler, médecine à couler
Juste un morceau de sucre qui aide la médecine à couler
Ça vous rend la vie plus belle !
L’oiseau faisant un nid douillet
N’a guère le temps de se reposer
Il va cueillir des brins de laine et de bois
Bien que pris par ses occupations
Il siffle l’air gai d’une chanson
Ce qui rend surtout le travail beaucoup moins long
C’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler
La médecine à couler, médecine à couler
Juste un morceau de sucre qui aide la médecine à couler
Ça vous rend la vie plus belle
Quand les abeilles travaillent en allant
De fleur en fleur sous tant de bleu
Elles vont puis elles viennent et volent tout en bourdonnant
Mais aussi elles font des agapes
En profitant de chaque étape
Et c’est (et c’est) ce qui fait (ce qui fait)
Que la tâche est mieux enlevée
L’amour par essence fait sortir les philosophes de leurs gonds, les « dévergonde » en quelque sorte. Pas un sujet ne les a autant interrogés. Tout d’abord parce qu’il est au cœur de la vie des hommes, mais également parce qu’il détermine secrètement l’identité même du philosophe. En effet, on définit fréquemment la philosophie comme l’ « amour de la sagesse ». Et l’on oublie rapidement que, si tel est le cas, le philosophe n’est justement pas (un) sage ! En revanche, il est bien mu par le désir… de savoir et d’acquérir, au moins un peu, de sagesse. Le philosophe se caractérise donc bien plus comme un amoureux, un « désirant ». Platon l’avait bien vu, lui qui, dans le banquet, fait dire à Socrate qu’il ne prétend rien savoir, « hors de tout ce qui touche à l’amour ».
M. Leboeuf (2012). Plages Philo à l’usage de tous
Seul,
j’entame cette nouvelle page blanche sans trop savoir où tout cela m’emmènera.
L’espoir et le désespoir m’accompagnent,
m’évitant tour à tour de sombrer dans la résignation.
Et pourtant.
Je suis fatigué, si fatigué de croire, si fatigué d’espérer arriver quelque part.
Mais pourquoi aujourd’hui penser courir après des chimères,
quand on a pu comme moi, encore hier, touché du doigt les nuages.
Et pourquoi faudrait-il encore que j’y croie,
quand tout ce qui fut m’a finalement amené là.
Comme souvent, j’ai l’impression d’affirmer tout et son contraire,
sans finalement ne jamais rien pouvoir trancher.
Je voudrais pouvoir essayer de vivre autrement et pourtant,
je ne parviens pas à me résoudre à changer.
Il y a, dans l’inconstance de mon existence
des moments si vrais, si surprenants, si invraisemblablement parfaits,
que je ne veux me résoudre à chercher la paix ou la tranquillité.
Cette instabilité, cette curiosité permanente m’invite encore à me demander,
assis seul sur ce banc,
ce que je ressentirais si j’étais assis sur le banc d’en face ou celui d’à côté.
Mais alors que cette question m’affole,
je suis ébloui par un rayon de soleil qui vient rebondir sur une fenêtre que l’on vient d’ouvrir.
Et l’attitude, le naturel de cette femme s’appuyant alors à son balcon est si juste, si vraie,
l’espace d’un seul instant,
que je remercie la vie de m’avoir offert cette image de plus, cette image de mieux,
oubliant alors pour un temps le banc d’en face, celui d’à côté.
Choisir sa route, son chemin, organiser son voyage,
est-ce l’assurance de voir tout ce qu’il y a d’intéressant à voir,
ou se priver de se laisser surprendre ?
Est-ce que la vie cherche à me distraire en permanence,
pour m’entendre dire au bout du chemin que tout cela n’était que tentations
et qu’à tout voir, tout vouloir, tout goûter, je suis seulement passé à côté ?
Je peux vous raconter ma vie de mille et une façons,
dire que je suis passé à côté ou que j’aime qui je suis devenu.
Il y a sans doute un peu des deux.
Il y a ces jours sombres où je m’en veux,
et ces jours immenses et merveilleux,
où tout m’a semblé clair, si parfaitement évident.
Quelles différences entre les deux ?
Quelle que soit la fin de l’histoire, quel que soit ce jour,
j’aurai vécu d’autres matins,
des soleils, des parfums, des instants qui ne demandent rien.
J’aurai aimé, aimé les gens pour ce qu’ils sont, aimé la vie pour ce qu’elle a eu à m’offrir.
Je me dois une nouvelle fois d’essayer aujourd’hui,
de ne pas la haïr pour ce qu’elle ne m’aura pas permis de garder.
C’est sans doute le prix à payer pour exister.